Déconstruction

Publié le par tristesse

Je suis en phase de dé-construction

c'est plutôt bon signe, ce n'est pas une phase de destruction comme j'en ai déjà traversé pendant quelques années, non, cette fois c'est complètement différent.

Durant mes années destructrice, j'étais guidée par la haine de moi-même.

Ne pouvant me faire disparaitre physiquement, je n'avais que la solution de me dissoudre moralement.

Je retournais chacun des mes gestes, chacun de mes actes, chacune de mes pensées contre moi. Je faisais le vide en jetant au loin avec dégoût, une à une, les pierres de mon édifice intérieur.

J'ai traversé cet enfer lentement, souffrant à chaque pas qui m'emmenait un peu plus loin dans l'abîme, brûlant de cet acharnement contre mon ego, torturée, désespérée, seule et incapable de sortir de cette terrible prison.

Un jour, je suis descendue si bas que j'ai traversé ce gouffre et suis passée de l'autre côté.

La phrase d'Arnaud Desjardins  dans son livre "les Chemins de la Sagesse", tome 3, résume parfaitement cette expérience, la voici :

L'homme doit aller tout-au-bout de la dernière extrémité de lui-même et désespérer de lui-même comme de quelqu'un qui n'a aucune possibilité d'être sauvé, trouver le vide en soi vient de cette expérience la plus amère, qui du gouffre du désespoir et de l'agonie, vous jette bas, corps et âme devant l'Absolu.

Une fois de l'autre côté et après avoir expérimenté l'Absolu, je suis revenue à la vie et j'ai pu commencer à me construire.

Cela n'a pas été simple, ni très agréable. J'ai même galéré pas mal d'années après (je vais dire jusqu'à mes 40 ans au moins :) pour me construire une personnalité, une expérience de vie, un foyer, une vie.

Et pour couronner le tout, une fois installée dans mes pénates, je me suis rendue compte que je m'étais fabriquée une sorte de tour d'ivoire à l'intérieur de laquelle je m'étais complètement coupée de moi-même, j'y végétais.

Là encore, des évènements extérieurs incontrôlables ont provoqué la chute de cette tour d'ivoire et une nouvelle tentative de retour vers moi-même.

La naissance de ce blog est un témoignage de ce revirement.

Je suis re-née de mes cendres et j'ai vécu des émotions fortes et intenses pendant quelques années, assumant mes envies, mes folies, mes fantasmes. Donnant libre cours à une déraison contrôlée et raisonnée :) mais me permettant un équilibrage des forces en moi...

Cette phase n'a duré que le temps d'un feu d'artifices et la ménopause aidant, je me suis installée dans une routine plus tranquille qui me plaisait bien, rassasiée, plus sereine.

Mais encore une fois le cours de la vie m'a projetée hors de mon cocon.

J'ai été atteinte au plus profond de ma chair par un homme, j'ai raté la mort de peu.

A mon réveil de ce drame, les affaires non réglées de mon enfance ont surgi à nouveau. Elles ont pris une ampleur démesurée du fait de ce traumatisme et ont nécessité une prise en main professionnelle.

Heureusement pour moi, j'ai eu affaire à des professionnel(les) compétent(es) et leur aide m'est encore aujourd'hui très précieuse.

L'autre jour, j'ai dit à la psychologue que j'étais en phase de reconstruction, et puis je me suis rendue compte hier que c'était faux.

Me reconstruire reviendrait à me re-créer une vie, une histoire, sans régler mes comptes avec la souffrance passée.

Mes diverses tentatives dans ce sens étaient perdues d'avance car inconsciemment je fonctionnais toujours sur des principes de bases faux, fondés sur des relations familiales violentes, empreinte de jalousie possessive, de manipulation, d'addiction et j'en passe et des pires.

J'étais une architecte du désespoir. J'essayais depuis des années de bâtir ma maison au beau  milieu de courants sous-jacents tourmentés. Rien de stable ne pouvait jaillir de ce ressac inconscient. C'était comme si je m'acharnais à construire ma vie sur les bords d'un fleuve en période de cru.

Ces derniers mois avec l'aide de la psychologue, j'ai commencé un voyage différent :  je reprend mes croyances, mes principes et je les "détricote", essayant de comprendre leur raison d'exister afin, non pas forcément d'y mettre un terme, mais au moins d'en prendre conscience. Ce qui revient à s'en libérer...

Je ne me juge pas, je ne me haïs pas, je suis une observatrice de mon mode de fonctionnement sous-terrain. Je traque la moindre information qui me permet d'aller plus profondément dans la compréhension de ce que je suis.

Chaque découverte est un bien précieux, une gorgée de liberté qui me fait tourner la tête et me ravit.

Je redeviens l'enfant aimante et malheureuse que j'étais, je retrouve la racine de mon mal intérieur. Je l'aime cette enfant, je prend soin d'elle rétrospectivement. Je n'ai rien à lui pardonner parce que je sais qu'elle n'a rien fait, rien fait d'autre qu'espérer de l'amour et de la sécurité. Qu'elle s'est battue et qu'elle a vécu pour être reconnue et aimée, qu'il n'y a jamais eu en elle la moindre once de méchanceté malgré toutes les horreurs vécues.

Maintenant, je veux aller plus loin que cette enfant timide et apeurée, je veux remonter à la source de son âme, je veux prendre contact avec cette fontaine pure, la sienne, la mienne. Je veux aller aux confins de ce mystère qu'est l'Absolu.

Je veux rentrer chez moi.

Aide-moi !

Doctrine de Hermès Trismegistus  : « Dieu est la sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». ...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article